RÉGIS SCHULTZ (DARTY) “click&collect”
RÉGIS SCHULTZ (DARTY)”Certains de nos magasins tirent plus de 20% de leur CA du click&collect”
Par Flore Fauconnier (JDN)
“Nous croyons au click&collect assisté”Nous nous sommes aussi attachés à mieux accompagner les différents besoins des clients. Ceux qui veulent surtout s’assurer de la disponibilité du stock peuvent désormais aussi réserver en ligne sans payer, un levier très important de développement du click&collect. Ils peuvent réserver et prendre rendez-vous avec un vendeur lorsqu’ils estiment avoir encore besoin d’un conseil avant de finaliser leur achat. Et pour ceux qui requièrent avant tout de la rapidité, les places de parking et la queue réservée ainsi que les casiers automatiques sont faits pour eux. Jusqu’où pensez-vous voir monter le click&collect ? Au Royaume-Uni, très en avance en matière de pénétration d’Internet, le click&collect a dépassé la livraison à domicile, tous segments de produits confondus. C’est en partie dû au poids d’Argos, qui ne pratique que le click&collect. Et sur notre marché, la livraison à domicile est vouée à rester importante : les consommateurs préfèrent évidemment recevoir leur machine à laver chez eux. Néanmoins, le retrait en magasin va continuer à progresser. Essayez-vous de générer des ventes en magasin auprès des clients qui viennent récupérer leur commande click&collect? Nous essayons mais ce n’est pas facile. Lorsque le client a déjà payé, il n’a pas du tout envie de repasser par la caisse. Or nous ne voulons pas que cela soit source de frustration. En Belgique, notre système est très différent. Comme ce sont les vendeurs qui vont chercher les produits commandés, ils peuvent facilement proposer des accessoires. Mais les clients sont moins contents car cela prend plus de temps. A l’inverse, dans le centre commercial de Beaugrenelle, à Paris, les clients sautent de leur place de parking à la queue click&collect et repartent l’instant d’après.
“Nous travaillons sur la maison connectée avec Somfy et Delta Dore”C’est la raison pour laquelle nous croyons beaucoup au click&collect assisté. C’est le client qui nous indique son besoin dès le départ, dès le tunnel d’achat, et choisit parmi un panel d’options, du casier automatique jusqu’à la prise de rendez-vous avec le vendeur. Beaucoup d’enseignes américaines sont engagées dans des projets de ship-from-store, pour livrer les commandes web ou magasins depuis les stocks des magasins. Et vous ? Nous le proposons déjà en partenariat avec Colisweb, qui livre les commandes en ligne en moins d’une heure depuis nos points de vente. Plus largement, les retailers américains procèdent ainsi parce qu’ils sont confrontés à une problématique de couverture du territoire. Pour notre part, nous savons vous livrer une machine à laver le soir-même depuis nos entrepôts. Quant à la rapidité de livraison, les clients la réclament bien,mais ils ne sont pas pour autant prêts à la payer… Côté digitalisation de vos points de vente, où en est le déploiement des tablettes vendeurs ? Nous avons équipé 121 de nos 220 magasins et finirons de les couvrir d’ici 6 à 9 mois. Nous comptons pour l’instant 2 300 tablettes vendeurs et plus de 500 écrans en magasin. Nous faisons également évoluer l’application de ces tablettes pour intégrer le paiement. Jusqu’ici, l’app produisait un numéro de vente que le vendeur devait saisir sur ordinateur. A l’avenir, la tablette communiquera en bluetooth avec des terminaux de paiements installés à des endroits clés du magasin, qui permettront d’encaisser et d’imprimer une facture. L’app enverra également l’ordre de préparation de commande en réserve pour gagner du temps. Nous avons donc opté pour le même système que le Microsoft Store de New York plutôt que pour celui de l’Apple Store, qui présentait trop d’inconvénients : accrocher des TPE lourds – et chers – à toutes les tablettes, demander le mail du client, ne pas fournir de facture… Je ne suis même pas sûr que ce dernier point soit tout à fait légal.
“Nous avons remis Mistergooddeal à l’équilibre”Parmi les innovations que vous avez annoncées en octobre figurent les étiquettes électroniques. En êtes-vous satisfaits ? Nous sommes en effet très en avance sur le sujet des étiquettes électroniques, car nous ne les utilisons pas juste pour donner le prix. Dans notre magasin de République, à Paris, elles permettent aux visiteurs de récupérer en NFC toutes les informations produits qu’ils auraient pu voir en ligne : données techniques, comparaison des prix… Elles nous servent aussi à visualiser le parcours en magasin des clients en opt-in. Nous savons s’ils sont passés devant telle ou telle étiquette, le temps qu’ils ont passé à interagir avec elles… Nous sommes très contents de ce test et allons déployer le dispositif à 20 magasins dans les 6 prochains mois. Après le bouton connecté, quelles sont vos ambitions en matière de maison connectée ? Nous avons été les premiers à proposer un objet connecté de ce genre, un bouton SAV pour la maison. Actuellement, nous travaillons sur la maison connectée avec Somfy et Delta Dore. Le marché n’est pas du tout mature encore. Mais nous voulons éviter les gadgets et réfléchissons donc à ce qui est vraiment susceptible d’apporter de la valeur aux clients. Par exemple, Delta Dore nous dit qu’un bouton qui permettrait d’éteindre toutes les lumières d’un coup serait très apprécié des consommateurs. Tout comme un bouton pour gérer le chauffage. Nous avons lancé trois tests en magasin avec chacun de ces deux fabricants afin d’évaluer ce qui a le plus de potentiel. En matière d’acquisitions, les retailers semblent se répartir en deux écoles : ceux comme Auchan qui s’attachent à faire fructifier leur marque et ceux comme Carrefour qui réalisent des acquisitions pour gagner du temps sur des verticales en cohérence avec leur cœur de métier. L’acquisition deMistergooddeal, qui a beaucoup décliné, a-t-elle échaudé Darty ? Tout d’abord, nous avons réussi à remettre Mistergooddeal à l’équilibre. Ensuite, nous ne sommes pas dans une collection à la Carrefour, où on ne sait pas pourquoi il achète tous ces sites ni où cela va le mener. Nous n’essayons pas non plus de rattraper un retard sur Internet : nous sommes plutôt en avance. En réalité, le rachat de Mistergooddeal a moins procédé d’une logique web que d’une logique de marque. Il s’agissait de répondre aux clients qui ne valorisent pas le service. Soit nous retirions des services de Darty, ce qui nous a semblé une très mauvaise idée, soit nous développions une marque sans service. Il s’est trouvé que pour ça, le plus efficace était un pure player. Mistergooddeal, comme Sosh pour Orange, est une marque sans service.
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